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Introduction

“Est-ce que le jury pose systématiquement des questions d’actualité à l’oral de Sciences Po ?”

 

Ah, la belle question.

 

La seule chose qu’on puisse vous dire, après avoir fait passer des centaines d’oraux, avoir entendu des centaines de candidats nous débriefer après leurs oraux, et avoir parlé -sans exagérer- à des centaines de membres de jury de tous bords : ça-dé-pend.

 

De quoi ? Des circonstances, de votre dossier, de ce que vous direz dans votre présentation, de votre tête, de l’humeur du jury, et on pense, même, de l'attraction de la lune et des marées.

 

Donnons tout de même deux éléments de réponse :

  1. Il y a parfois pas de questions portant sur l'actualité du tout, parfois un peu, parfois que ça. On a chaque année les trois cas de figure, et c’est imprévisible.

  2. Dans la pratique, les oraux sans questions d’actu du tout se font assez, plutôt, rares.

 

Conclusion temporaire : comme vous ne savez pas combien votre oral ira sur l’actualité...il vaut mieux être prêts.

 

Mais regardons la chose par le grand bout de la lorgnette : c’est surtout qu’avec un peu de méthode et d’entraînement, il est assez facile d’utiliser le terrain de l’actualité pour marquer des points en toutes sortes (connaissance, capacité à raisonner, maturité et on en passe).

 

Et c’est pour ça qu’on vous propose cette méthodo qui vous aidera, on l'espère, point par point, à être solides sur le fond face au jury.

 

Alors dans ce premier chapitre, on va rester bassement, affreusement pragmatiques, en répondant aux deux questions suivantes :

 

1) Actualité, d’accord, mais qu'est-ce qu'on entend par là ?

2) Comment s’y préparer ?

Ce qui est attendu de vous : que dit Sciences Po ?

Si seulement il y avait un endroit où Sciences Po disait clairement et simplement ce qu’ils attendaient de nous à l’oral...

 

Oh, wait. Mais ça existe ! (ici)

 

Que nous dit Sciences Po à propos de l’oral?

 

 

Comme toujours, ce genre d’indications contient tout...mais sont tellement généralistes qu’on passe souvent à côté. Risquons-nous à une petite traduction (forcément subjective) de ce qui est attendu :

 

“Maîtrise de l’expression orale”, c’est tout bêtement votre capacité à vous exprimer. 1) est-ce que vous parlez en bon français ? 2) est-ce que vous vous exprimez clairement ? Alors attention. Ce n’est pas un concours d’élocution. Les timides, anxieux et stressés en tous genres sont les bienvenus à Sciences Po (on parle de ces aspects au chapitre 10 du cours sur l’entretien de motivation). Mais il faut quand même un minimum syndical. Vous connaissez la formule de Boileau : “ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément”. En clair : si vous êtes clairs sur la forme, il y a de fortes chances que vous soyez clairs sur le fond. Voilà pourquoi une expression claire joue en votre faveur.

 

“Ouverture d’esprit, “goût pour l’innovation”, “curiosité intellectuelle”: ce sont essentiellement des choses qu’on voit en posant des questions de motivations (il ne s’agit pas de vérifier vos connaissances sur l’actualité de l’innovation). Le jury veut simplement checker que vous soyez des gens vraiment curieux, qui lisent plein de choses, qui s’intéressent au monde, qui ont des activités (la curiosité n'est pas forcément qu'intellectuelle), bref, vous vous bougez, vous êtes dans une démarche de recherche intellectuelle et humaine.

 

“Capacité à mobiliser et mettre en relation des connaissances pertinentes”. Là on arrive sur nos terres. Vous observez qu’ils ne disent pas “le niveau de vos connaissances”, ou “votre culture générale”, mais votre “capacité à mobiliser des connaissances pertinentes” et votre capacité à faire des liens entre elles. Ce n’est pas le nombre de connaissances qu’ils veulent, mais votre capacité à faire appel aux plus logiques. La bonne nouvelle, c’est que ça, ça s’apprend :)

 

“Capacité à être en prise sur les enjeux contemporains” : encore une fois, ce n’est pas “votre connaissance de l’actualité”, c’est “les enjeux contemporains”, et ça change tout. Est-ce que vous savez voir ce qui est important, ce qui l’est moins, ce qui est accessoire, sur un sujet donné ? Quand on vous demande votre avis sur, par exemple,sur les relations entre US et Chine, est-ce que vous nous récitez des faits, ou est-ce que vous savez nous dire que les deux points d’accroche sont les questions commerciales et militaires ? Ça porte un nom, c’est le fameux esprit de synthèse. Et ça aussi, ça s’apprend.

 

“Esprit critique” : celui-là, c'est un peu comme Dieu ou le wifi. Tout le monde en parle, et il reste invisible la plupart du temps. “Esprit critique”, qu’on traduira par : est-ce que vous savez remettre en cause, discerner le vrai du faux, le logique de l’illogique, le pertinent du n’importe quoi ? Et est-ce que vous savez à partir de là, mener un raisonnement par vous-même ?

 

“Capacité à développer une réflexion personnelle” : Voilà, on allait trop vite. Est-ce que vous savez raisonner par vous-même, i.e., est-ce que vous savez vous appuyer sur les connaissances que vous avez, associer des idées, faire des liens logiques, tirer des conclusions, sans vous planquer derrière quelqu’un ?

 

Alors attention. (On en voit déjà s’évanouir parmi vous). Evidemment qu’on n'exige pas de vous de savoir faire tout ça, et parfaitement ! Beaucoup de Sciences Po, à la sortie d’école, ne savent toujours pas penser par eux-même, et c’est normal, c’est le travail d’une vie. Ce qu’on fait, en tant que jury, c’est qu’on essaie, aussi objectivement que faire se peut - et vous vous rendez bien compte que ce n’est pas une science exacte - de mesurer ces différents aspects, ou, disons, votre potentiel dans ces domaines.

 

On ne veut pas artificiellement séparer les deux grands piliers de l’oral que sont les questions dites de motivations “pourquoi Sciences Po ?” “Qui admirez-vous” etc) et les questions d’actualité (“Comment vous informez-vous ?”, “que pensez-vous de l’affaire Benalla ?”), parce que ces deux piliers se complètent (et on peut voir la curiosité d’un candidat en posant n’importe quelle question, personnelle ou d’actualité).

Ce qu’on veut dire, c’est qu’une grande partie des choses que mesure le jury (mobiliser les connaissances et les mettre en relation, être en prise sur les enjeux, avoir de l’esprit critique, savoir mener un raisonnement) sont liées à la connaissance du monde, à l’actualité, aux enjeux. Et donc qu’il est facile de marquer des points si on a les bons outils sur ce terrain. Outils qu’on va s’employer à vous montrer dans ce cours.

 

Ce qui est attendu de vous : que dit le Repaire ? (spoiler : mettez-vous à la place du jury)

Vous avez remarqué combien on marche mal quand on a les yeux fermés ?

 

On vous invite à faire l’expérience un instant, et vous comprendrez pourquoi on vous fait lever de votre chaise au lieu de vous parler d’esprit critique, de Sciences Po, et de ce qu’on va apprendre dans ce cours.

 

On est sérieux. Levez-vous. Fermez les yeux. Essayez d’avancer de quelques mètres (dans votre chambre, dans un couloir, ou tout endroit qui soit safe). Go :)

 

Vous avez remarqué ?

 

Leçon (que vous connaissez sûrement déjà) à retenir : l’équilibre dépend de l’attention qu’on porte sur un point fixe.

 

Pour Sciences Po, c’est la même chose. Si vous voulez être efficace dans votre “préparation sur l’actualité”, regardez au bon endroit. Sinon, vous ne tomberez pas forcément, mais vous tâtonnerez, vous marcherez d’un pas mal assuré, bref, vous n’avancerez pas beaucoup.

 

Evidemment, maintenant, vous vous demandez : où est-ce qu’il faut regarder quand on se “prépare sur l’actualité” ?

 

On vous répond : ce sur quoi vous attend le jury.

 

Pour comprendre avec vos tripes ce que veut le jury, il faut vous mettre dans sa peau un instant.

 

Ce que veut le jury

 

Vous êtes jury. Vous êtes passé par Sciences Po Paris. Vous y enseignez, soit en tant que prof, soit en tant qu’intervenant extérieur. Vous êtes payé une cinquantaine d’euros de l’heure, avec le temps de préparation d’un cours, ça n’est vraiment pas “rentable”. En clair : vous le faites parce que vous aimez votre ancienne école, parce que vous aimez transmettre aux petits qui vont devenir de beaux Science Po un jour.

Ça, c’est la toile de fond. Pourquoi vous embête-t-on avec ce genre de détails ? On veut simplement vous montrer que les jurys sont impliqués. Ils veulent ce qu’il y a de mieux pour leur école, c’est-à-dire, choisir les profils qui y correspondent le plus. Ils n’ont aucun intérêt à rater un “bon élément”.

 

Venons-en maintenant au sujet qui nous préoccupe. Est-ce que vous pensez que les jurys, et on vous demande pardon pour cet écart avec le devoir de réserve qu’on s’impose au repaire, en ont quelque chose à foutre si vous ne connaissez pas le nom du premier ministre belge ?

 

Posez-vous cette question. Evidemment qu’ils s’en moquent ! Ce n’est pas le sujet. Le jury, ce n’est pas Questions pour un Champion.

 

Conclusion très importante : n’essayez pas de vous remplir la tête en lisant 8 heures de Courrier International par jour. Ce n’est pas comme ça qu’on se prépare. Alors qu’on se comprenne. Evidemment qu’il faut avoir des connaissances (et si vous vous intéressez un minimum au monde, que vous lisez des choses, vous en avez). Et si vous connaissez le premier ministre belge, tant mieux ! Mais ce n’est pas là-dessus que ça se joue.

 

Sur quoi ça se joue alors ?

 

Les questions d’actualité se jouent sur votre armement intellectuel

 

Juger de la qualité d’un candidat revient à ausculter 3 choses, on en a parlé :

 

  • la partie “motivation” (pourquoi on veut Sciences Po, projet de vie, projet pro, mais aussi expériences passées, maturité personnelle). On ne rentre pas là-dedans, on en traite ici (pour les candidats de la procédure internationale, ici).

  • les connaissances, c’est-à-dire l’actualité bien sûr, mais la “connaissance” du “monde” de manière générale (on refuse d’appeler ça culture générale), et on met d’énormes guillemets. On va appeler ça le fond.

  • l’ “armement intellectuel” (i.e. l’esprit critique, la synthèse, la capacité à mener un raisonnement, la qualité de l’argumentation).

 

Et c’est cette troisième partie qui va intéresser nos amis du jury. Parce que, de la même manière qu’une dissert bien structurée avec quelques lacunes vaut 10 fois mieux qu’une dissert bien remplie mais complètement décousue, des réponses avec de l’esprit critique, qui vont à l’essentiel, et des raisonnements bien argumentés (mais à qui manque le nom du PM belge) valent mieux qu’une réponse qui part dans tous les sens (même si elle intègre le nom du ministre de la défense yéménite).

 

Pourquoi ? Parce que le nom du PM belge, vous l’apprendrez sans problème plus tard. L’esprit critique et de synthèse, eux, nous rassurent sur votre capacité à suivre à Sciences Po.

 

Conclusion temporaire : c’est en développant votre esprit critique, votre esprit de synthèse, votre capacité à dégager les enjeux d’un sujet, votre capacité à construire un raisonnement, que vous convaincrez le jury.

 

Conclusion : regardez au bon endroit :)

 

Maintenant, on va vous livrer un secret : les connaissances, vous les aurez de toute façon (en lisant différents papiers sur un sujet). On va même vous donner des techniques qui permettent de retenir ce qu’on lit au mieux. La différence, ce qui fait qu’un jury entrera en pâmoison devant ce que vous dites en matière d’actualité, ou disons, sur le fond, c’est l’intelligence de votre propos.

 

Et l’intelligence, on le dit vraiment avec humilité, est quelque chose qui s’apprend. C’est la capacité à faire des liens entre sujets qui ne sont pas forcément liés. C’est la capacité à voir les grands noeuds d’une problématique d’actualité donnée. C’est la capacité à prendre du recul sur un problème qui n’a pas de réponse facile. Et ça s’apprend, ça se travaille.

(Et quand on voit certains anciens Sciences Po devenus ministres s’exprimer dans les médias, on se dit que décidément, c’est un combat qui n'est jamais complètement acquis.)

 

Votre job est donc de vous armer intellectuellement plus que de vous remplir la tête. C’est ce à quoi on va s’employer ici.

 

Votre premier but : développer votre esprit critique

C’est la pierre angulaire de cet "armement intellectuel". "Kritikos", en grec, c’est le discernement. C’est le fait de séparer le bon grain de l’ivraie. Le fait de filtrer ce qui est "bon" pour votre réflexion, et ce qui est toxique. En termes de faits, mais aussi d’interprétation des faits.

 

Prenons un exemple.

 

Votre esprit critique, c’est avant tout le fait de discerner le logique de l’illogique.

 

 

Au delà de la blague, vous voyez comment deux faits juxtaposés peuvent sous-entendre un lien de causalité évidemment non-existant. Le job de votre esprit critique est de remettre en cause ces liens, et par extension, tous les faits et raisonnements que vous trouverez sur votre chemin. Et des raisonnements faux, dans les médias, il y en a beaucoup.

 

Prenons un exemple plus concret.

En septembre 2018, le président de la République reconnaît la responsabilité de l’Etat en matière de torture pendant la guerre d’Algérie (Le Parisien, septembre 2018).

Qu’entend-t-on sur RTL ? (RTL, septembre 2018)

Regardons d'un peu plus près ce que dit Eric Zemmour :

 

 

Votre esprit critique, en la matière, doit remettre en cause au moins deux choses :

1) le titre du site d’RTL : il est au mieux inexact, au pire faux. Eric Zemmour dit "on n’a rien fait de mal", non pas à propos de la guerre d’Algérie (bien que cet énergumène n'est pas loin de le penser), mais à propos de la torture. Rendons à Eric ce qui appartient à Eric.

2) l’argumentaire de Zemmour : "on n’a rien fait de mal, c’était légal" doit normalement vous allumer une alarme dans la tête : depuis quand la morale ou l’éthique (ce qui est bien et mal) est la même chose que la légalité ? Avec ce genre d’arguments, on se retrouve vite à justifier la déportation des juifs (qui était parfaitement légale).

Au delà de ce point Godwin cadeau, vous voyez le job de votre esprit critique : passer systématiquement par un filtre les faits, les titres, les opinions, les arguments, la logique du raisonnement. Garder ce qui est sain (même et surtout si on n’est pas d’accord), jeter le reste.

 

Prenons un troisième exemple, plus fin encore, pour que vous voyez l’implication que l’esprit critique peut avoir sur votre oral d’admission :



 

Ou comment vous pouvez vous faire balader si vous ne savez pas faire votre propre réflexion.

 

Imaginez maintenant le scénario, la question qui tombe en entretien : “les chiffres annuels du chômage sont tombés la semaine dernière, ils vous inspirent quoi ?” Vous iriez sur une réponse de type “forte baisse” ou “faible baisse”, parce que vous l’avez lu dans l’Express ou Europe1 ? Ou vous iriez mettre en valeur votre esprit critique, parce que vous savez que 1) il convient de regarder à l’intérieur des chiffres pour voir le nombre d’emplois créés, par exemple, ou le nombre de chômeurs radiés des listes ? 2) les chiffres du chômage sont un indicateur symbolique de la réussite d’une présidence et qu’il est normal que tout le monde s’étripe sur leur interprétation (en vous amusant du fait que chacun voie midi à sa porte).

Apprendre à faire cette deuxième réponse, voilà ce qui devrait être votre but.

 

Et si on se met dans une perspective de concours, toute la lecture de l’actualité du monde ne vous aidera pas pour rentrer à Sciences Po si vous ne savez pas mettre les bons “filtres” dessus.

 

Essayons donc de voir ces filtres ensemble. 

 

NB (vous allez voir, on adore les NB) : vouloir convaincre à tout prix, parfois à coup d’interprétation plus ou moins honnête des faits, est le lot de tout débat et c’est le jeu de la démocratie. Poussons la bienveillance envers les médias : c’est leur job. A vous de faire le vôtre, et développer les réflexes d’esprit critique pour savoir vous y retrouver.

 

Votre deuxième but : développer votre esprit de synthèse & savoir dégager les enjeux

C’est le deuxième aspect sur lequel un jury vous attend. Et il se résume en une phrase : est-ce que vous savez hiérarchiser et organiser ?

 

L’esprit de synthèse, on le retrouve à tous les niveaux. Est-ce que vous savez, au sein d’un article, dire quelle est le point important (ce qui est névralgique, ce qui est secondaire) ? Est-ce que vous savez, entre plusieurs infos qui tombent pendant une semaine d’actu, dire lesquelles sont importantes ?

Mais on le retrouve aussi dans votre réflexion à vous : est-ce que vous savez, quand vous menez un raisonnement, mettre en avant les 2 ou 3 points saillants ? (spoiler : quand on vous apprend à faire un plan de dissert, à organiser vos idées à longueur de cours...c’est ça ! ça va enfin vous servir ! :)

 

Mais prenons ici aussi un exemple.

Imaginons une question de jury tout à fait plausible, qu'on évoquait vaguement plus haut, du genre : “Pensez-vous que la Chine soit la grande puissance du futur ?”

 

(on vous laisse réfléchir un instant...)

(on vous laisse paniquer un peu sur ce que vous répondriez...)

 

Réponse 1 : “Je pense que oui, parce que la Chine c’est 1 milliard de personnes, et regardez les photos avant-après de Shanghai, c’est impressionnant” (c’est le genre de réponse que vous nous faites tout le temps) (comprendre : avec une valeur ajoutée...disons qu’il n’y a pas de quoi se rouler par terre)

Réponse 2 : “De quelle grande puissance parle-t-on ? Economique ? Militaire ? Culturelle ? Dans le sens économique, la Chine sera numéro 1 sans hésiter, pour X, Y et Z raison. D’un point de vue culturel, rien n’est moins sûr.” 

 

(on vous laisse visualiser, maintenant, le bonheur d’un jury qui écoute un candidat répondre avec ce réflexe, quand bien même il n’aurait pas beaucoup de connaissances sur le sujet).

 

Ce réflexe intellectuel de créer des ensembles et sous-ensembles pour répondre, est une évidence pour quiconque a l’habitude de chercher les enjeux sur un sujet.

 

C’est, là aussi, ce qu’on va essayer de voir ensemble.


NB : excellent Dessous des cartes sur cette question (Arte, mai 2015 - Youtube, 12 min).

Penser par soi-même, la clé de la réussite

Si on devait résumer ce que sont l’esprit critique, l’esprit de synthèse, et l'ensemble des choses énoncées sur le site de Sciences Po (mobilisation des connaissances pertinente, faire des liens...), ce serait : l’ensemble des réflexes intellectuels qui font que vous réfléchissez par vous-mêmes.

 

On va le réécrire, pour que vous vous rendiez bien compte de la portée de la phrase : l’ensemble des réflexes intellectuels qui font que vous réfléchissez par vous-mêmes.

 

Quand vous remettez en cause une info sur un site russe parce que les sources ne sont pas suffisantes, vous réfléchissez par vous-mêmes.

Quand vous lisez avec circonspection un éditorial qui a l’air de bon sens, parce que vous connaissez les opinions très marquées de l’auteur par ailleurs, vous réfléchissez par vous-mêmes.

Quand vous voyez l’erreur de logique commise dans un article apparemment factuel, qui amène à des conclusions bancales, vous réfléchissez par vous-mêmes.

Quand vous vous méfiez d’un titre, simplement parce qu’il est au conditionnel, vous réfléchissez par vous-mêmes.  

Quand vous décidez que tels 3 aspects sont les points cruciaux pour comprendre telle problématique, vous réfléchissez par vous-mêmes.

Quand le docteur Schmoll, professeur émérite à Sciences Po et spécialiste de la choucroute, assène une conclusion sur laquelle vous le courage de vous interroger malgré son autorité sur le sujet, vous réfléchissez par vous-mêmes.

 

Ne confondez pas réfléchir par soi-même et avoir un égo surdimensionné. Réfléchir par soi-même ne veut pas dire asséner des "moi je pense que". On va le dire une seule fois, et on prie votre égo de ne pas le prendre mal : le jury se fiche de votre avis. Réfléchir par soi-même, c'est essayer votre propre grille de lecture. Ce qui intéresse le jury, c’est : a-t-elle ou il les vitamines pour être, un jour, quelqu’un qui pense le monde et y agit ? Ou récite-t-elle ou il gentiment ce qu’elle ou il a lu et plus ou moins retenu dans son courrier international ?

 

Au risque de paraître un peu tarte : vous êtes tous des petits Montesquieu, mais vous ne le savez pas encore. Alors, rassurez-votre égo, ça va prendre quelques années et pas mal de muscu dans votre tête pour soulever la fonte que Montesquieu soulevait. Mais vous en êtes capables, et on osera même : c'est votre job de le dépasser. Un jour. En attendant, apprenez les réflexes de bases de la réflexion par soi-même...même quand c'est Montesquieu que vous lisez.

Nous qui vous parlons, avec nos 29 ans de moyenne au Repaire, ça nous a pris du temps, pour oser penser par nous-même. Et même si on se garde de défier papa Montesquieu, on essaie, quand on en lit une phrase, de nous dire : "ah ? vraiment ?"

 

Suivez les guides !

 

Avant de commencer

Deux dernières choses, avant de commencer.

 

1) Notre objectif est de vous apprendre à mieux penser, et c’est avec cet objectif qu’on argumente, pas pour vous convaincre sur le fond. Or, travaillant sur l’actualité, on est obligé de prendre des exemples qui pourront, à l’occasion, être politiquement marqués (et il n’y a que pour Eric Zemmour et quelques autres qu’on utilisera des mots comme “énergumène”). On essaie autant qu’on peut de ne pas faire transparaître nos opinions politiques (on est de tous les bords au repaire), mais si ça peut parfois être le cas, ne nous en tenez pas rigueur, ce n’est pas ce qui nous intéresse ici.

 

2) On n’a pas la science infuse...ni réponse à tout. C’est quelque chose qu’on va vous répéter en long, en large, en travers et en oblique si vous faites des entretiens blancs avec nous, mais : passez ce qu’on vous dit au filtre de l’esprit critique. L’ensemble des choses que vous trouverez dans ce cours est sincère. Mais sincère ne veut pas dire vrai : on peut se tromper en toute sincérité !

C’est pourquoi on vous conseille de toujours remettre en cause les conseils qu’on vous donnera (ou que d’autres vous donneront) : prenez ce qui vous aide, ce qui résonne (et raisonne) en vous, discutez le reste. Et faites votre propre ratatouille, c’est ce qu'on attend de vous !

 

Ces quelques remarques liminaires étant faites, au boulot.

 

Premier chapitre : comment choisir des sources solides. 

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