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Regarder l’auteur

Continuons avec nos réflexes d’esprit critique à avoir avant la lecture d’un article. On a vu l’orientation et la nature, maintenant, l’auteur, le titre et le contexte.

 

Rappelons quand même qu’il ne s’agit pas forcément d’analyse les 4 éléments (source, nature du contenu, auteur, titre), mais juste ce qu’il faut pour déterminer avant sa lecture

  • la crédibilité de l’article (généralement ça ne pose pas problème, parce que plus vous allez moins vous lisez les sources sujettes à caution)

  • mais surtout, la couleur politique ou l’angle de l’article



L’auteur donc. Ne vous amusez pas à googliser chaque auteur d’article, vous ne vous en sortiriez plus. Mais si vous n’êtes pas certain de la couleur politique de la source (ou si elle est susceptible d’avoir des nuances), jeter un oeil à l’auteur peut souvent dénouer les doutes.

 

Regarder les journaux dans lesquels écrit un journaliste, et même quelques uns de ses articles, vous donnera un meilleur aperçu de ses orientations politiques que n’importe quelle profession de foi.

 

Prenons un exemple : un papier signé Daniel Schneidermann. Vous ne savez pas qui s’est. Ce n’est pas grave, allons googliser.

 

Il a été au Monde, à Libération. Première conclusion : ce n’est sans doute pas un guignol complotiste.

 

Regardons les rankings de Google :

Il écrit dans le Nouvel Observateur, dans Libération, on dit de lui sur France Inter qu’il décortique le discours médiatique… on peut raisonnablement penser qu’il est plutôt de gauche ?

Et du coup, quand on lit un papier signé Daniel Schneidermann, on met un filtre de gauche sur ses lunettes.

 

Deuxième exemple : on tombe sur un article d’Alain Soral. Hop, Google :

Bon, ça part mal. Wikipedia parle d’extrême-droite, et quand bien même on se méfie de Wikipedia (on ne sait pas qui écrit l’article), c’est un indice. Continuons de regarder les résultats de la recherche :

 

“Réinformation”. Là on doit commencer à voir la nature du loustique. Mais allons voir ce qu’il fait, ce qu’il dit :

 

ou proposé par Youtube sur Google 3 lignes plus bas :

“Grande gueule et petits bras” ? “Racaille” ? On le disait, ce genre de vocabulaire n’augure rien de bon.

 

Prenons 10 secondes de plus. Trois clics plus loins sur le site qu’il dirige :

 

Là on est fixé : ça ne sent pas bon du tout. (Avec, en bonus, le merveilleux mélange des genres des mots-clés : si on parle de harcèlement sexuel, qu’est-ce que le supposé sionisme du bonhomme vient faire là ? Passons.)

(Variante : version mélange des genres entre accusations financières et homosexualité : 

 

Reprocher à un patron du grand palais des centaines de milliers d'euros d'argent dilapidés, très bien. Mais le lien avec son homosexualité ? On voit pas.

 

Il est très difficile de classer l’orientation politique d’Alain Soral avec des mots. “Extrême-droite” ou “fachosphère” ? Il s’en défend. “Complotiste” ? Pas vraiment non plus. La seule chose sur laquelle on peut compter pour reconnaître l’arbre, c’est ses fruits. Et les fruits nous disent : attention, ça sent la droite bien à droite, l’invective, les règlements de compte, l’antisémitisme (sous-couvert d’anti-sionisme), bref : votre esprit critique doit être au niveau d’alerte maximum quand vous lisez quelque chose signé par cet olibrius. (Et à notre humble avis, il y a des gens plus intéressants à lire ailleurs).



Le conflit d’intérêt

Mais le biais ou la coloration de l’auteur n’est souvent pas qu’une question d’engagement politique. Dans un certain nombre de cas, l’activité ou la fonction de l’auteur doit nous amener à nous poser des questions, sinon nous méfier. Exemple : quand on s’apprête à lire une tribune demandant la baisse des cotisations sociales pour relancer l’économie, le fait que la fonction de celui qui la signe, c’est patron d’une grande entreprise française, doit normalement nous alerter. Peut-être que ce qu’il écrira est génial, là n’est pas la question. La question est que dans ce cas, son activité donne le même résultat qu’un engagement politique : il voit midi à sa porte, et essaie de vous convaincre.

 

Exemple, dans le New-York Times, à propos d’intelligence artificielle (NYT, janvier 2018)

Contexte : le sénat US vient de lancer un groupe de travail sur la question de l’intelligence artificielle, et se demande s’il faut légiférer ou non sur la question. C’est donc un tout petit pas, tout timide, des pouvoirs publics pour mettre leur nez là-dedans. Réaction by Andre Burt : “Laissez l’Intelligence Artificielle tranquille”

Who is Andrew Burt ?

Coucou !

Alors quand on lit l’article, sa position est très mesurée (et très intéressante au demeurant). Mais le fait que le gars soit le juriste responsable des questions de vie privée dans une une boîte qui fait du Big Data doit vous allumer l’alarme esprit critique dans la tête : “ne serait-il pas un peu biaisé du fait de son job ?”

 

Conclusion : checker l’auteur d’un article ou d’une analyse, ça peut souvent vous en dire long sur ce que vous allez trouver dans l’article. Alors pour les éditoriaux “au gros rouge qui tâche” ou les articles d’invectives à la Soral, vous n’en aurez pas besoin tellement les opinions sont visibles. Mais pour des articles mi-figue-mi-chou, entre analyse et opinion, avec un regard a priori “neutre”, ou disons, “mesuré”, regarder les fruits de l’auteur peut apporter une bonne dose de discernement en plus.

Exercice 1

De quel bord politique sont les personnages suivants ?

  • Alexis Brezet
  • Monique Pinçon-Charlot
  • Renaud Dély

 

Tentative de réponse

Tentative de réponse très, très, subjective.

Alexis Brezet

 

Directeur adjoint du Figaro, on va dire de droite ? 

 

Monique Pinçon-Charlot

 

Sociologue. Bien. Allons voir de plus près. 

 

 

ça a quand même un parfum de gauche, tout ça. 

 

Allos voir Google :

 

Acrimed, "Les prédateurs au pouvoir", Radio Insoumise. Bon, on est en présence d'une personne franchement de gauche ? 

(En effet, Monique Pinçon-Charlot et son mari sont deux sociologues spécialistes des "riches", et militent plus ou moins officiellement pour la France Insoumise)

 

Renaud Dely

Plus difficile à classer, Renaud Dély. Obs, Marianne, Arte. On peut partir du principe qu'il est plutôt à gauche. Il a repris la matinale d'Info (un peu plus à droite), donc, on va se risquer sur un centre-gauche ? 

Regarder le titre de l’article

Attaquons-nous au 4e réflexe d’esprit critique, le plus important, le titre. On va faire dans le sensationnel avec la formule suivante, mais on la croit très vraie : le titre, c’est à la fois votre meilleur ami, et votre pire ennemi.

Meilleur ami parce que c’est lui qui donne le ton, l’angle, et la couleur.

Pire ennemi parce que

  • d’une part, sa petite taille oblige le journaliste à tronquer, ou ne choisir qu’un aspect, et donc souvent à être partiel et parfois partial

  • d’autre part parce que le modèle économique de la presse étant ce qu’il est, le but d’un titre est d’attirer le clic...parfois à tout prix.

  • n’oublions pas l’opinion (ou parfois l’ignorance) du journaliste

 

En clair : prêtez-y une attention particulière parce qu’il vous renseignera souvent beaucoup, et en même temps, méfiez-vous-en comme de la peste noire.

 

Dans la pratique : pour développer votre esprit critique, faites toujours bien attention à la formulation d’un titre d’article, et sachez voir à travers.

 

Pourquoi le titre peut-être votre meilleur ami.

Prenons un exemple : la nomination du patron d’Air France à l’été 2018.

 

Le Figaro titrait :

Europe 1 titrait :

 

La Tribune titrait :

 

Vous vous rendez compte de la différence d’angles entre les trois ? Le premier laisse entendre un papier très factuel, le second semble s’orienter vers l’avenir de la boîte, alors que le troisième pose la question sous l’angle de la polémique (qui a effectivement eu lieu) de la nomination d’un canadien (alors numéro 2 d’Air France) à la tête d’une entreprise française (et la symbolique qui va avec).

 

En clair : le titre vous renseigne déjà pas mal sur la manière d’empoigner le sujet.



Pourquoi le titre peut-être votre meilleur ennemi.

 

Prenons 3 exemples pour illustrer.

Commençons avec un exemple au gros rouge qui tâche.

 

Quand on demande à miss France :

“Pendant la crise des réfugiés dans le monde entier, est-ce que les pays sont obligés d’accepter les réfugiés ou ont-ils le droit de fermer leurs frontières ?”

Il s’agit là d’une question super fermée (qu’on trouve limite), qui oriente une réponse. Malgré cela, Iris Mitternaere répond, on trouve, avec sang froid :

“Les pays peuvent avoir le choix de fermer ou d’ouvrir leurs frontières. Dans l’Europe, nos frontières sont ouvertes parce que nous souhaitons avec le plus d’exportations, le plus de mondialisation possible, et en France pour le moment, nos frontières sont ouvertes, mais si un jour nous décidons de les fermer, je pense que c’est un droit que nous avons”.

 

Titre de Valeurs actuelles :

 

Gardons pour plus tard le procès en malhonnêteté intellectuelle à Valeurs Actuelles.

Mais vous voyez bien que là, le titre détourne complètement le propos de miss France/Univers. D’une part le titre est un contre-sens de l’esprit de ce qu’elle dit, mais quand bien même le titre traduirait la pensée de l’interviewée, mettre en avant ce morceau (qui correspond à la ligne éditoriale de VA) est d’une partialité assez incroyable.

 

On a pris cet exemple, parce que c’est un cas d’école à étudier en université : ne JAMAIS prendre un titre pour argent comptant, et faire carburer son esprit critique en amont.

 

Deuxième exemple, qui montre un peu plus pourquoi il faut se méfier d’un titre tant il peut dénaturer le propos de quelqu’un.

En pleine affaire Fillon, en 2017, l’ancien ministre du budget Eric Woerth, déclare ceci :

 

“Je pense aussi que la presse de temps en temps doit pouvoir accepter d’ouvrir ses propres sources pour dire du début jusqu‘à la fin comment les choses se sont passées.

- Journaliste : Ça vous intéresserait que le Canard enchaîné nous dise dans la livraison de demain 'écoutez, l’info nous est arrivée de telle personne' ?

- Evidemment, c’est à lui de le faire. Personne ne peut le forcer, on est dans une démocratie et les sources journalistiques doivent être protégées. Je suis pour une presse parfaitement libre. Je dis qu’à un moment donné, au fond, pourquoi protéger sa propre source ? Jouons cartes sur table sur cette affaire.”

 

Ne discutons pas la position de l’intéressé sur le fond. Observons comment ses déclarations sont reprises :

 

Titre du Lab, d’Europe 1 :

 

Sous-entendu : il ne respecte pas la protection des sources des journalistes. C’est faux, il ne leur demande pas de le faire. Il se demande si c’est bien nécessaire sur ce dossier. Le titre induit le lecteur en erreur.

 

Titre de Valeurs Actuelles :

Sous-entendu : le Canard à quelque chose à cacher. C’est encore plus faux qu’Europe 1. La protection des sources (leur anonymat) d’un journaliste est un principe à force constitutionnelle en France (même un juge ne peut pas obliger à la révéler). C’est la base du journalisme (sinon plus personne ne parlerait au journalistes). Le Canard n’est donc au pied de rien du tout. C’est un titre qui là aussi, induit le lecteur en erreur.

 

Conclusion (toujours là même) : méfiez-vous des titres.

 

Troisième exemple, plus fin celui-là, avec la question du coût de la sortie du nucléaire (Le Monde, mars 2017).

 

Titre de l’article :

 

Est-ce que vous voyez le parti pris ? Ça aurait pû être “rester dans le nucléaire coûterait cher, en sortir aussi”. Mais n’allons pas plus loin dans la critique, regardons de plus près. Qu’est-ce qui fait écrire au journaliste un titre comme celui-là ? Remettons dans le contexte.

 

Quelle est la source de l’article ? Il s’agit de l’institut Montaigne. Bien. Deux choses à dire : 1) c’est un think tank, donc politiquement marqué (créé par le patron d’Axa, Claude Bébéar, un des très grands patrons français), dont on peut douter de la neutralité en matière de sortie du nucléaire. A la décharge du Monde, ils le précisent “libéral” dans l’article (mais pas dans le titre. C’eut pu être : “Un think Tank libéral n’est pas d’accord avec la proposition de gauche de sortir du nucléaire”).

2) pour qui sait un peu comment marche un Think Tank, les méthodes scientifiques ne sont pas forcément au rendez-vous, et c’est un euphémisme. No offense à l’Institut Montaigne, mais ils ne sont ni le CNRS ni la Cour des comptes, et n’ont pas les moyens humains, financiers, ou scientifiques pour mener un travail crédible sur le sujet.

D’autant que le sujet est très compliqué : on n’a jamais fermé de centrale nucléaire, on ne sait pas exactement comment faire, et on n’a aucune idée de combien ça pourrait coûter ! En super clair : l’Institut Montaigne écrit un rapport qui n’a aucune valeur. 0.

Pourquoi le Monde en parle ?

Si on est bienveillants,  on se contente de dire que le Monde se fait l’écho de toutes sortes d’“études”, qu’elles viennent du pro ou de l’anti-nucléaire. Exemple : “La France pourrait produire 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050” (Le Monde, janvier 2017). Et là le Monde se fonde sur le rapport NégaWatt (qui eux sont, schématiquement, à gauche/contre le nucléaire).

Si on est plus mal intentionné (ou si on fait tourner notre esprit critique), on dit que c’est une manière, en pleine campagne électorale de 2017, de répondre au candidat Mélenchon qui parle de sortie du nucléaire : “vous n’avez pas l’argent de le faire, regardez, il y a un rapport”.

En fait, les think tank ne thinkent pas tant que ça, ils lancent des idées qui servent souvent les politiques : ils font des études, des rapports, et plus les conclusions sont grosses, plus les médias ou les politiques que ça arrange voudront en parler. “Manger du gingembre régulièrement donnerait un pouvoir surhumain”, ça donne envie d’en parler. (Observez ce beau conditionnel qui permet de ne pas se mouiller). On vous remet le titre de l’article : “Sortir du nucléaire coûterait cher, y rester aussi”. Ce titre du Monde, en apparence si neutre, c’est en fait...de la politique.

 

Maintenant, à la décharge de tout le monde : chacun fait son job. L’Institut Montaigne fait son job d’influenceur / de propagande (les think tank de gauche font pareil, rassurez-vous), et le Monde reprend. A vous de faire le vôtre : lire entre les lignes.

 

Alors évidemment, vous ne pouvez pas savoir tout ça avant d’avoir lu l’article. C’était simplement pour vous montrer combien vous devez, même avec des titres en apparence informatifs, lire avec un oeil aiguisé. Et quand vous aurez un peu de pratique, un conditionnel dans un titre vous fera dire non pas “ah tiens, intéressant”, mais “qu’est-ce que c’est encore que cette carabistouille” ?

Exercice 2

Voyons, pour les 3 articles suivants, pourquoi le titre ne va pas.

Lisez bien le titre, essaye de deviner ce qu’il implique. Puis lisez l’article. Une fois l’article lu, essayez de voir pourquoi le titre est partiel / partial / incorrect / induit en erreur / bref, pourquoi il ne va pas.

 

Tentative de correction

Article 1 : “Un sosie US du SU-34 : bombarder un convoi d’aide et accuser la Russie ?”

 

On commence avec le gros rouge qui tâche.

 

Avez-vous vu ?

 

  • Le point d’interrogation. Un titre aussi marquant (ou accusateur, bref, il s'agit d'une info lourde), avec un point d'interrogation, méfions-nous. Le fait de mettre un point d'interrogation derrière un titre permet d'écrire n'importe quelle ânerie, sans risquer le procès en diffamation. Même chose pour le conditionnel. Exemple : "Emmanuel Macron, violeur d’enfants ?" Un point d'interrogation, des guillemets, l'info peut-être complètement fausse, elle fait le tour des réseaux sociaux. 

  • Les sources. Un journaliste canadien, dont le tweet est complètement détourné par le site “d'info” Sputniknews. Le canadien dit : “les avions américains F-18 sont repeints aux couleurs russes pour des exercices d'entraînement, afin de jouer le rôle de russes. Arrêtez avec les conspirations”. L'article de sputniknews retourne complètement ce pauvre tweet pour en faire un scénario plausible. Deuxième source : "un utilisateur de twitter". Qui pense que ça permet aux américains de frapper un convoi en Syrie, et d'accuser les russes. La source qui permet de mettre ce titre : "Un utilisateur de twitter". Ce qui est complètement hallucinant pour toute forme de journalisme un tant soit peu sérieux.

 

Conclusion : ce n’est pas du journalisme (chez Sputnik, pas de carte de journalistes). Mais ce n’est pas non plus n’importe quoi. C’est de la propagande (pro-russe) (et ils ne s’en cachent pas). Et le grand drame, c’est que rien qu’en France, Sputnik est suivi par :

Alors parenthèse, sur la forme et sur le fond :

Sur le fond : les américains ont sûrement fait des choses sales dans cette guerre. Peut-être même ont-ils fait ça, et font pire. Mais il faut pour cela des preuves, et du journalisme un peu sérieux.

Sur la forme : il est toujours intéressant d’avoir le point de vue russe sur des sujets qui touchent aux relations avec l’est, tant les médias occidentaux sont parti-pris pour les Etats-Unis / l’OTAN. Mais n’oublions pas de faire tourner notre esprit critique. La guerre de l’information, ça existe, il faut en être conscient. On reviendra sur le cas des médias russes et pro-russes au chapitre 9, fermons la parenthèse.

 

Article 2 : “Trump en Chine : plus de 250 milliards de dollars d’accords commerciaux”

 

Avez-vous vu ?

 

  • “un dirigeant arrive et tire prestige d’une série d’accords déjà en cours”

  • la plupart sont “des protocoles d’accords non-contraignants et des lettres d’intentions”

Le titre est en décalage avec le contenu du même article. Titre : 250 milliards vendus ; contenu de l’article : oui mais en fait c’est du vent.

 

Certes, ce n’est pas une info super-intéressante. Mais c’est pour montrer, une fois de plus : ne prenez pas le titre pour argent comptant (eh oui, on va faire la blague, c’est le cas de le dire).

 

Article 3 : “L’Europe veut geler les négociations d’adhésion avec la Turquie”

 

Avez vous vu ? (c’est plus subtil)

  • “Dans une résolution adoptée”

  • “invite la Commission à entamer un gel temporaire”

Ce n’est pas “L’Europe”, c’est le parlement européen. On vous laisse regarder les institutions de l’Europe, mais en gros, le parlement est un des trois, avec la Commission et le Conseil. Et il se trouve qu’il n’a pas de pouvoir en la matière. Il ne s’agit pas ici d’un texte contraignant, mais d’une résolution.

En clair : cette résolution n’existe que pour que les médias en parlent (Challenges reprend, c’est gagné).

Soit c’est l’UE qui montre un peu les dents aux Turcs (attention, cette fois notre parlement qui fait une résolution qui ne sert à rien, mais ne poussez pas le bouchon)

Soit c’est le parlement qui met la pression à la Commission (et que le coup de fil passé par avant leur demandant gentiment de calmer les turcs n’a pas marché, alors on met la pression par les médias)

Soit c’est une affaire d’image. On ne va rien dire/on ne peut rien dire aux Turcs, mais il faut quand même condamner un peu, au moins que tout le monde voit qu’on condamne les agissements de régimes pas très démocratiques.

L’un dans l’autre : “L’Europe veut geler les négociations avec la Turquie”, est un titre qui est un peu à côté de l’enjeu. Le Monde, par exemple, avait fait un titre bien plus exact : "Le parlement européen préconise le gel des négociations".

 

Au passage, très bon résumé, (par l'Express, une fois n'est pas coutume) sur les pour et contre de l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, qu’on a déterré des archives (2004). (un sujet qu’il faut avoir en tête par les temps qui courent).

 

Maintenant, rassurez-vous, on ne vous demande absolument pas de rentrer dans ce genre de détails. C’était simplement pour décortiquer avec vous un titre et le contenu qui suit, afin que vous voyez que la toute première étape de la lecture d’un article, c’est d’ouvrir l’oeil et être prêts à remettre en cause le titre.

Résumé des conseils

Quand vous avez un article sous les yeux, qu’il soit factuel ou d’opinion, essayez d’avoir quelques repères avant de le lire. Checkez, très rapidement, les éléments qui vous manquent ou que vous jugez nécessaires au bon fonctionnement de votre esprit critique :

  • la couleur / l’orientation politique du journal

  • la nature de l’article (factuel ?Analyse ? Opinion ?)

  • l’auteur (quel est son bord / sa tendance politique ?)

  • le titre

 

Vous verrez, au bout d’un temps, ça deviendra un jeu d’enfant.

 

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