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Introduction : l’exactitude des faits

On a vu aux chapitres 3 et 4 comment appliquer son esprit critique avant la lecture d’un article. Faisons maintenant la même chose pour son contenu.

 

Très concrètement, comment avoir de l’esprit critique quand on lit quelque chose ? On en rappelle la version simplifiée : remettre en cause, réfléchir par soi-même.

Mais saisis d’un accès de curiosité, allons voir une définition exacte. Wikipedia nous dit : “L’esprit critique désigne la capacité à s’interroger avec exigence et rationalité sur la réalité ou la probabilité de faits et de relations prétendus, puis sur leur interprétation.” ça tombe très bien, c’est ce qu’on avait en tête.

 

On va donc entraîner notre oeil à voir et analyser 3 choses :

1) les faits (leur véracité, leur fiabilité)

2) le raisonnement (sa qualité, ses manques), la logique des arguments

3) l’intention de l’auteur

 

L’actualité, les idées, le débat, ne tiennent qu’en peu de choses quand on y pense : les faits, et leur interprétation, c’est-à-dire les raisonnements qui en découlent. Ce sont donc ces choses sur lesquelles on va garder un oeil critique à la lecture de l’article, auxquelles on ajoutera une troisième : l’intention de l’auteur.

 

Les faits sont la chose la plus essentielle : si vous acceptez comme prémisse des faits qui sont inexacts, partiels, ou carrément faux, vous serez handicapés pour réfléchir par vous-même.

La deuxième chose, tout aussi essentielle, c’est l’interprétation, la discussion des faits, et les raisonnements qu’on forme à partir d’eux. Des raisonnements inexacts ou faux vous amèneront à des conclusions fausses.

Troisième chose, et là nous quitteront l’analyse rigoureuse pour aller vers votre intuition, c’est de voir l’intention de l’auteur d’un thèse : essaie-t-il de vous informer pour faire vivre le débat ? Essaie-t-il de vous convaincre, parfois à tout prix ? On n’est plus tout à fait dans les outils de l’esprit critique classique, mais vous verrez que c’est un bon outil pour l’aider à bien marcher.

 

Voilà donc les trois terrains sur lesquels on va aller appliquer notre esprit critique. Parlons d’abords des faits (on parlera de la logique du raisonnement, de la qualité des arguments, au chapitre suivant). Allons-y !

 

Petite parenthèse, en deux points :

  • ce qu’on va voir s’applique bien sûr à tous les contenus (même un article très factuel, parce que comme on l’a vu au chapitre 4, un titre peut en fait être très inexact), mais surtout aux deux autres catégories, les analyses et les opinions (d’autant que les deux sont souvent, on le regrette, mélangées ; on va apprendre à les différencier).

  • ce qu’on va voir s’applique à tous les contenus et auteurs, quels qu’ils soient (journalistes, responsables politiques ou autres) parce que leur but similaire : argumenter pour nous convaincre

 

Très schématiquement, il y a deux types de “faux” faits à voir :

  • d’une part les faits erronés de manière volontaire, dans une logique de guerre de l’information (un site de la fachosphère ou d’information russe qui répand une fausse info) : ce sont les fameuses fake news.

  • d’autre part les faits erronés (de manière plus ou moins intentionnelle), dans une logique argumentative (un journaliste ou un politique qui ne voit que les chiffres qui l’arrangent pour en tirer les conclusions qui l’arrangent).

La fiabilité des sources

Parlons d’abord des faits volontairement biaisés (et parfois inventés). On les trouve dans 3 catégories de “médias” : la fachosphère (les sites d’extrême-droite), les conspirationnistes (qui sont persuadé que l’attentat du 11 septembre était le fait du gouvernement US, ou que Michael Jackson est en fait en vacances), et les sites russes.

 

La fachosphère et les faits

Pour ce qui est de l’extrême-droite et des conspirationnistes (on les met ensemble tant ils se recoupent), (parlons-en très brièvement, on a mieux à faire ensemble), ils sont, en matière de fiabilité de l’info, à jeter purement et simplement.

 

Pourquoi ils ne sont pas à prendre au sérieux ? Schématiquement : on fait confiance à l’AFP et toutes les autres agences d’info, autant qu’à l’énorme majorité des journalistes dans les rédactions de France et de Navarre, pour ne pas manipuler les faits (ils sont parfois partiaux, de mauvaise foi, mais ils ne planquent pas les infos au public). En clair : si une info n’est reprise nulle part de mainstream, il y a de fortes chances que ce ne soit pas une info.

 

Conclusion : pour les faits, faites confiance à la presse mainstream. Il faut de l’AFP, du RTL, du Libération, des Inrocks, du France Inter, du Parisien, etc. Leur point de vue restera toujours critiquable, mais au moins l’info est fiable.

 

Les sites russes et les faits

Deuxième catégorie de sources qui peuvent être douteuses : les sites russes. Alors attention : tout n’est pas à jeter dans les sites russes, et on reviendra sur les aspects positifs plus bas. Mais l’honnêteté nous oblige à dire qu’on peut y trouver, parfois, n’importe quoi en termes de faits. On met donc les sites russes au niveau de la fachosphère en terme de crédibilité (ils ne vous apprendront rien que vous ne trouverez pas à l’AFP), mais on les trouvera bien plus intéressants de par leur perspective pro-russe sur un certain nombre de sujets (qui est intéressante pour nous tant il y a un parti-pris pro-américain/occidental chez nous). On y reviendra.

 

Précisons d’abord que, contrairement à la fachosphère (et excusez notre écart avec l’analyse pour aller vers notre ressenti), ce n’est pas des lubies (antisémites) ou l’égo/l’envie d’exister qui motive les russes. Ils sont dans une logique (au mieux) d’influence, (au pire) de propagande, et certainement dans une logique de guerre de l’information.

 

On ne rentre pas plus dans le sujet (c’est long), on vous renvoie vers ce documentaire qui montre un peu les coulisses de cette guerre que Moscou mène dans le domaine (Youtube - Arte, avril 2018).

 

On ne va pas faire le tour de l’ensemble des médias russes, concentrons-nous sur les deux qu’on trouve en France et qui ont une vraie influence : Sputnik News, et l’antenne française de Russia Today, RT en France.

 

Sputnik

Sputnik, on l’a évoqué avec l’exemple des avions de chasse US repeints (Agence SputnikNews, octobre 2016). Commençons par dire qu’il ne s’agit pas d’un média, mais d’une “agence de presse”, dont le président a été nommé par décret signé Vladimir Poutine. En clair : c’est une agence de propagande.

 

La plupart du temps, dans Sputnik, ce n’est pas mensonger (parfois, seulement). La plupart du temps, c’est une tentative (parfois jusqu’à l’absurde) de montrer l’aspect positif de la Russie de Poutine (et si dans la foulée, on peut dire du mal des USA, tant mieux).

 

Exemple de page d’Accueil (capture d’écran : 2 septembre 2018)

 

 

On ne vous fait pas de dessin.

Ils se paient même le luxe de se moquer des critiques des journaux occidentaux (qui voient bien sûr le gouvernement russe “derrière” tout ce qu’ils écrivent), avec une rubrique ad hoc (et on trouve ça très amusant) :

 

 

En matière de faits, vous n’apprendrez rien ici. Out.

 

Russia Today (RT en France)

Tentons un procès équitable à RT.

Premier constat : de la même façon que Sputnik, on sent derrière une volonté de rétablir une vérité, ou du moins, de contrer les médias d’en face.

Exemple :

 

On n’est pas au niveau de Sputnik, mais on on a sur RT un petit arrière-goût de revanche, une tentative assez permanente de rétablir, de contrer, de montrer qu’en face c’est des escrocs. Il faut simplement l’avoir en tête, ça peut avoir un impact sur la fiabilité de ce qui s’y écrit.

 

Maintenant, en terme de fiabilité de l’info. Avant, RT c’était vraiment n’importe quoi. Exemple : (RT, novembre 2016) :

 

Ils ont mis un gars en costume devant une 405, et voilà. Nous on aimerait être là quand le “scientifique” iranien nous expliquera comment il fait marcher un moteur à explosion avec de l’eau. Bref. A votre avis, est-ce qu’un iranien a inventé une voiture qui fonctionne à l’eau sans que vous n’en soyez informés par le reste du monde (alors qu’on vous envoie un push dès qu’une des filles Kardashian a fait un selfie) ?

 

On en rirait bien s’il ne fallait pas en pleurer. Sauf que RT en France, c’est

1 million de gens qui suivent (vous vous rendez compte de l’impact qu’ils peuvent avoir).

 

Mais on dirait que RT a changé, et est devenu un média beaucoup plus sérieux depuis quelques temps. (Frédéric Taddéï, présentateur d’un des rares lieux de débats à peu près intéressant sur le service public, et qu’on ne peut pas accuser d’être un illuminé, a rejoint RT (Le Parisien, juillet 2018), ça met quand même la puce à l’oreille. Est-ce que ça veut dire qu’ils sont vraiment ouverts sur RT, ou est-ce une “prise” qui servira de gage de sérieux ? On ne le sait pas encore.

Mais force est de constater que RT nous intéresse à premier vue, on va donc y jeter un oeil (même si on garde l’autre oeil ouvert, vu que l’article sur le scientifique iranien et sa voiture à la Cristalline...est encore en ligne).

 

Exercice 1

On a vu au chapitre quelques sites de la fachosphère, on vous fait grâce de replonger dans ce marécage. Augmentons-le niveau. Essayez, le plus rapidement possible, de définir si on peut faire confiance -sur les faits, on se fiche de la couleur politique- aux chaînes Youtube suivantes :

 

Tentative de réponse

Demos Kratos : à notre avis, confiance sans souci. C’est une chaîne qu’on aime bien, au demeurant, parce qu'elle vulgarise plutôt bien un certain nombre de concepts de philosophie politique / droit public etc. Bref, ce n’est pas le contenu le plus ouf, mais c’est très pédagogique, on plussoie.

 

Agence Info Libre :

 

Hum.

En 4 secondes, on y trouve ça :

 

C’est-à-dire, un bonhomme comme ça (seriously)

 

 

Si on va sur le site du bonhomme en personne, on trouve des choses comme ça :

https://www.jovanovic.com/blog.htm

 

 

Fuyez. Loin.

Ps : en cherchant un peu, on trouve des interviewés intéressants sur “AgenceInfoLibre”

 

Qu’on retrouve dans des endroits qu’on connaît :

 

 

Coucou, le revoilà !

 

On s’excuse pour la malhonnêteté intellectuelle du procédé qu’on vient d’utiliser (et on vous invite à vous en méfier dans les argumentaires que vous entendez). AgenceInfoLibre = Jovanovic (le gugusse avec un lune sur sa veste) Donc AgenceInfoLibre = gugusses.

Sauf que Jean Bricmont (également interviewé sur AgenceInfoLibre) = gugusse, c’est une conclusion un peu rapide. Et Jean Bricmont interviewé sur RT, donc RT = gugusses, encore plus.

Mais on reviendra sur la logique des arguments au prochain chapitre :)

 

Maintenant parlons sérieusement. Vous croyez que des spécialistes reconnus comme Gilles Kepel (professeur à Sciences Po), ou Marcel Gauchet (professeur à l’EHESS), se laissent interviewer par “AgenceInfoLibre” ? Et inversement, vous croyez qu’un média un peu sérieux (Le Monde diplomatique, Le Figaro, la revue Sciences Humaines, pick your flavor) ne donne ne serait-ce que 2 lignes d’interview à Jean Bricmont, professeur de physique théorique, sur la question de la Russie ? Please.


Usul : confiance 100%. Et à notre avis, un petit bijou d’esprit critique. Il faisait ses montages dans son coin, maintenant il a rejoint Mediapart. A consommer sans modération.

Comment vérifier la fiabilité d’une info ?

Alors jusqu’à maintenant, on vous a mis en garde contre les quelques sortes de sources qui pouvaient vous mener à des infos fausses. Maintenant, comment vérifier pour en avoir le coeur net ?

 

D’abord, on vous signale l’existence d’un outil inventé par le Monde pour juger de la fiabilité d’une source : ça s’appelle le Décodex.

 

Alors quelques précisions (et une mise à distance). Quand le fameux “décodex” a été lancé en 2017, il a été très critiqué : on lui reprochait la fâcheuse tendance de distribuer les bons et mauvais points aux médias non pas en termes de fiabilité de l’info, mais en fonction des opinions politiques. En gros, de bonnes notes aux copains mainstream du Figaro ou de Libé, et de mauvaises pour les sites alternatifs comme Médiapart. Et un classement des différents médias qui laissaient transparaître des méthodes de mesure au pifomètre (Classer un journal comme Médiapart comme “attention à la fiabilité”, c’était pas très sérieux de la part du Monde). Du coup, ils ont rectifié le tir, et se contentent maintenant de signaler les sources qui peuvent être douteuses :

Si le média est dit “sérieux”, ils se contentent de dire ce qu’on dit (et qui tombe sous le sens) :

 

A noter, pour l’anecdote, qu’après avoir essuyé quelques critiques, ils ont revu leur propre description en mentionnant leurs actionnaires :)

 

Alors vous pouvez bien sûr utiliser cet outil si vous avez un doute, mais notre avis : c’est votre esprit critique qui doit tourner, et pas celui du Monde.

On vous renvoie vers ce qu’on a vu dans les chapitres 3 et 4. Si vous sentez la source d’extrême-droite (on en a vu les symptômes), passez à autre chose. Pour ce qui est des faits, et on parle bien de faits, ils valent 0. Pour ce qui est des opinions, ils peuvent être intéressants (ne serait-ce que pour faire travailler son esprit critique face à des thèses moisies).

 

Très rapidement et très simplement : Google. Allez voir si l’info est reprise ailleurs (de sérieux). (C’est ce que nous dit le Decodex, on ne va pas remettre en cause).

 

Quand on googlise “scientifique iranien voiture eau”, on a ça :

 

On dira poliment que l’info n’est pas vérifiée. (Foozine ? RosePinouin.com ? Seriously ?)

 

Pour s’assurer du sérieux d’un info, il suffit de regarder la “mainstreamitude” des sources. Si vous googlisez “accord nucléaire iranien”, par exemple, vous avez ça :

 

 

L’Express, le Monde, France Inter, la Croix. C’est ce genre de choses que vous devriez avoir pour croiser une info.

 

La fiabilité d’une personne / d’un auteur

On a parlé de la fiabilité des sources, on a parlé de la fiabilité des infos, parlons un instant de la fiabilité de l’auteur. Alors, au chapitre 4, on a regardé comment définir (dans la mesure du possible) son orientation politique. Or, savoir si un auteur est de droite ou de gauche ne nous dit rien de sa fiabilité, de son sérieux.

Alors, c’est compliqué à faire, parce que, comment juger de la légitimité de quelqu’un à s’exprimer sur un sujet ? Par le diplôme ? Certains bac+8 disent beaucoup de bêtises. Par les livres écrits ? Alain Soral, qu’on évoquait, en a écrit.

Il est difficile de juger du “sérieux” de quelqu’un, sans être partial ou rentrer dans un débat de chiffonnier. On va donc faire confiance à l’intelligence collective : qui a jugé qu’ils étaient assez intéressants pour avoir envie de leur poser des questions ? (on ne parle pas d'interviews à la télé).

 

Prenons un exemple (un universitaire reconnu lambda) : Pierre Rosanvallon (on a vraiment fait au hasard) :

 

Le Monde, France Culture, Cairn (c’est de la littérature spécialisée). C’est du lourd.

 

Mais on va nous dire que Rosanvallon est trop mainstream. Prenons donc quelqu’un avec des thèses plus “fantasques”. Emmanuel Todd.

Quand on googlise Emmanuel Todd, on a ça :

Revue des deux mondes, L’Express, Le Figaro, RT (mais qui reprend un interview donné à France Culture), les Inrocks, et la revue historique Hérodote. C’est encore du lourd.

 

Exemple contraire maintenant, reprenons celui de Jean Bricmont :

 

Youtube (chaîne AgenceInfoLibre, en premier ranking !), RT (il y écrit régulièrement), Le grand soir (on dirait un site révolutionnaire), Arrêt sur info, UCL (où il est professeur), et son Facebook perso.

 

Vous voyez la différence ? Et l’argument de “Jean Bricmont a des thèses hétérodoxes, c’est pour ça qu’il n’est pas interviewé” ne tient pas. L’économiste Frédéric Lordon a des thèses hétérodoxes (il veut fermer la bourse et tout un tas d’autres mesures qui font passer Mélenchon pour un type de droite), mais il a des années de recherche derrière lui qui lui font dire des choses construites, argumentées et étayées... et il est régulièrement invité chez Radio France. (à notre connaissance France Culture lui a même proposé de faire une chronique économique, qu’il a refusé parce que “si je dois dire des choses tous les jours, je vais finir par dire des bêtises”). Et c’est pour ça qu’on vous dit : les analyses de Jean Bricmont sur RT, pourquoi pas, mais il y a mieux ailleurs. (no offense à lui).

 

En résumé : si vous voulez connaître le “sérieux” de quelqu’un, allez voir rapidement qui lui donne la parole.

 

Pourquoi lire des médias pro-russes est intéressant quand même

Quittons la question des faits et de leur fiabilité un instant, pour parler d’un autre aspect des médias russes. Constat : les médias occidentaux (européens et étasunien) sont très pro-US, pro-OTAN, et de manière générale, considèrent la Russie comme un adversaire, parfois comme un ennemi. Et en lisant uniquement le Monde ou le New-York Times, vous aurez quasiment systématiquement des analyses et opinions qui vont dans le même sens, ou tout simplement, par choix de sujets traités : ces journaux évoqueront par exemple plus volontièrement les ingérences russes en Ukraine que les ingérences étasuniennes en Amérique latine.

 

Pour comprendre un peu mieux ce phénomène, il faut écouter Emmanuel Todd s’énerver contre cet état de fait. (France Culture, avril 2018).

 

Et c’est pour apporter un contrepoids à ce biais qu’il est intéressant de mettre son nez dans les médias russes une fois de temps en temps...sur les questions qui touchent à la Russie et aux relations internationales impliquant la Russie (Ukraine, Iran, Syrie…).

 

Voilà donc notre conseil : sans en faire votre source principale (certainement pas) lisez un peu de RT une fois de temps en temps pour avoir des avis divergents sur ces sujets.

 

Maintenant, gardez en tête deux choses :

  • la couleur politique de RT

RT est “pro-russe”, mais “pro-russe” ne suffit pas, ils pourraient être “pro-russe”, mais de gauche.

Allons voir les fruits de l’arbre, comme on sait faire. Exemple de choses vues sur RT (mais on en aurait 107 du même bouillon) :

ou

Disons qu’on voit souvent des positions qu’on qualifiera d’amicales avec les personnages comme Matteo Salvini, Victor Orban et consorts dans RT. Ce qu’on appellerait une ligne de droite bien à droite en somme (certains diraient d’extrême-droite, on en est pas loin, mais on vous laisse juger). On tient à préciser que c’est subjectif, et on vous invite à aller voir par vous-même.

 

  • le contexte. Il faut comprendre qu’on est dans un contexte au mieux de lutte d’influence, au pire de guerre de l’information (entre Etats-Unis et Russie), on l’a vu avec le cas Sputnik. Il y a évidemment une diplomatie d’influence d’un côté comme de l’autre, (et on laisse à Jean-Bernard Huygue, directeur de recherche à l’IRIS, le soin de nous expliquer ce que c’est : FigaroVox, février 2017). Influencer les opinions publiques ou médias pour les gagner à sa cause, ça a toujours existé, et tout le monde le fait. Les Russes ne sont donc pas une exception (même s’ils le font, en ce moment, de manière beaucoup plus systématique, et on dira, éhontée).

 

Donnons deux exemples de cette guerre de l’information :

Vous avez par exemple une info dans RT :

 

Et le Monde qui répond :

Qui dit vrai, on ne sait pas. Mais les accusations de manipulation fusent des deux côtés.

 

Deuxième exemple, dans l’autre sens. Dans son JT du 21 août 2018, France 2 parle, à propos du réalisateur emprisonné Oleg Sentsov, de “travaux forcés”.

Réaction de RT (regardez comment l’enjeu ressort : “à vouloir brosser un tableau négatif de la Russie et de Vladimir Poutine”) :

Réaction en retour, avec Arte (28 minutes, août 2018), ou avec Libé (Libération, août 2018)

 

Vous voyez donc comment ils se renvoient la balle les uns les autres. Et il n’est pas toujours facile de départager le vrai du faux. Mais essayons deux minutes.

 

Extrait  de l’article de Libé :

 

Et concrètement, les témoignages d’anciens détenus concernant le travail en prison sont assez éloignés de «l’outil de réinsertion» vanté par RT France. La militante membre des Pussy Riot Nadezhda Tolokonnikova, détenue pendant près de deux ans dans une colonie pénitentiaire, explique par exemple dans une lettre qu’elle était obligée de travailler de 7h30 du matin à minuit et demi (soit 16 à 17 heures par jour) dans une «brigade de couture» qui confectionne des uniformes de police. Le tout pour un "salaire" qui oscille entre 29 et 700 roubles par mois (entre 50 centimes d’euros et 10€). «Et vous ne pouvez pas vous permettre de ne pas [respecter les quotas de production] sinon toute votre unité est punie. Par exemple, vous devrez toutes rester debout dans la cour pendant des heures. Sans pouvoir aller aux toilettes. Sans pouvoir boire une goutte d’eau.»

On vous laisse juger s’il y a travail forcé ou non. Notre “point”, c’est : il y a une guerre de l’info, soyez-en conscients.

 

Conclusion : l’honnêteté intellectuelle nous oblige à dire que les médias français et occidentaux ont un énorme biais anti-russe. On peut donc équilibrer ça en allant voir ce qui se dit sur RT une fois de temps en temps.

Maintenant, notre avis perso : Ceux qui sont biaisés, c’est la presse généraliste (le Figaro, Libé, le Parisien, l’Obs etc). Si on se contente de lire les choses généralistes sur les sujets touchant à la Russie, on aura une vision partiale. Mais si vous voulez dépasser ce biais, il suffit d’aller chercher des sources plus approfondies, comme le Dessous des Cartes, ou faire attention aux intention de l’auteur, on y reviendra. Parce que soyons honnêtes : les papiers qui nous intéressent sur RT -les analyses- (Exemple sur la question de l’hypocrisie des médias occidentaux qui dénoncent la torture en Syrie mais peu en Arabie Saoudite, RT, août 2018, Jean Bricmont, le revoilà !), pardonnez-nous notre écart mais, en termes de qualité, il n’y a pas de quoi se rouler par terre.

 

A vous donc d’aller juger par vous mêmes (avec votre esprit critique en alerte max:)

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