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L’égo, grand ennemi de l’esprit critique

01/09/2019

L’égo, grand ennemi de l’esprit critique

 

Article publié à l'origine sur lespritcritique.fr

 

Disclaimer : avoir un esprit critique affûté demande parfois de se pencher sur des sujets qui vont un peu au delà de l’analyse intellectuelle. Après tout, en matière d’argumentation, c’est d’abord à des hommes et des femmes que nous avons à faire. Faisons donc, une fois n’est pas coutume, un peu de psychologie.

 

Vous est-il déjà arrivé d’être dans une discussion, politique par exemple, essayant de convaincre quelqu’un (“il faut rétablir l’ISF !”, “Macron est légitime, il a été élu !”), et de sentir que, quelque part, au fond, vous ne maîtrisez pas le sujet tant que ça ? Qu’en vrai, même, vous êtes franchement incompétent.e.s sur la question, et qu’avec un peu de bonne foi vous vous tairiez, mais que vous  avez un avis et que le réflexe de vouloir avoir raison prend le dessus ? 

 

On passe tou.te.s par là. 

 

(Certain.e.s plus souvent que d’autres).

 

L’égo, puisque c’est de lui qu’on parle, est le plus grand ennemi de l’esprit critique. Le plus grand. Et ce pour une raison très simple : il nous pousse à vouloir avoir raison plutôt qu’à être intelligents. It’s that simple. 

 

Alors je ne veux pas ici parler de l’égo des politiques, qui se manifeste à tous les niveaux et sous toutes ses formes, que ce soit avec ses gros sabots (Jean-Luc Mélenchon : “La République, c’est moi !” Youtube,  3 sec) ou plus en finesse (Ségolène Royal : “Quand j’étais ministre de l’Energie, les prix n’augmentaient pas” Youtube, 1 min). 

 

Je veux parler ici du nôtre, d’égo, qui nous empêche de lâcher nos certitudes pour remettre en cause nos réflexes de pensée, qui est la base de l’esprit critique. L’égo comme empêcheur de réfléchir en rond est un sujet qui me titille depuis quelques temps, et je suis en train d’entre-aperçevoir combien comprendre son égo est un un outil extraordinaire pour bétonner son esprit critique. 

 

Regardons donc de plus près ce petit monstre.



Tentative imparfaite de définition de l’égo 

Il faut commencer par se mettre d’accord sur ce qu’on entend par égo.

 

Alons voir ce que nous dit le Larousse

 

 

Bon. Wikipedia est peut-être plus précis  : 

 

 

Aucune de ces deux définitions étant satisfaisantes, tournons-nous (très brièvement) vers l’Orient. C’est que les bouddhistes, les hindous, les taoïstes et les autres ont saisi ce noeud depuis des milliers d’années. Tentons, avec leurs lumières, une définition simplifiée de l’égo, sans toutefois rentrer dans un des débats philosophiques et spirituels les plus importants de l’histoire.  

 

L’égo, dirait un bouddhiste, c’est le fait de se prendre pour son personnage. Son nom, son âge, sa position sociale, ses possessions évidemment, son caractère, ses peurs, ses souvenirs, ses goûts, ses opinions, ses lectures, bref, un ensemble de choses, à travers lesquelles on se sent être. 

 

(Notre bouddhiste ajouterait que toutes ces choses ne sont que des concepts mentaux qui n’ont rien à voir avec qui nous sommes vraiment, et que le fait de se prendre pour eux est la racine tout mal-être dans la vie. Mais ce n’est pas notre sujet aujourd’hui). 

 

Bon, prenons une minute pour emmagasiner ça.

 

On se prend pour notre personnage. Ne rentrons pas dans le débat de savoir si c’est bien ou mal, c’est ce que c’est. On a tou.te.s un égo dans le sens où on se prend tou.te.s en partie ou pour tout pour ce personnage.

 

Partant de là, il est aisé de voir pourquoi il nous empêche de réfléchir et d’exercer notre esprit critique. 



Pourquoi l’égo est-il problématique en matière d’esprit critique ? 

Parce que le fait de se prendre pour son personnage nous incite à certains comportements. Et nous voilà très attentif au regard des autres, essayant d’être un peu plus nous mêmes avec, au choix, sa grosse voiture pour les plus kékés, sa décoration ou ses habits de bon goût pour les autres, avec ses connaissances ou ses expériences trop cooles pour les plus raffinés.  

 

Et bien sûr, avec nos idées, nos opinions, notre construction du monde. Et notre identité se construit en (grande) partie sur tout cela.

 

“J’adooorrre Romain Gary !”. Ou dans une veine plus politique  : “ah non, moi, depuis 2017, Mélenchon, je peux plus”. 

 

Avec ce genre de phrases, on se sent un peu exister, non ? Regardez de plus près, c’est un phénomène extraordinaire. On se sent un tout petit peu “mieux”  quand on dit quelque chose d’intelligent, quand on a raison, ou même, simplement quand on dit quelque chose, vous ne trouvez pas ? 

 

Sauf qu’il y a le revers de la médaille. Comme on existe (même un peu) à travers nos opinions, notre vision du monde, eh bien quand on les perd...on a l’impression de perdre une petite partie de soi. 

 

Et voilà pourquoi on change si peu facilement d’opinion sur un sujet en général, et politique en particulier. 

 

Evidemment, si le principe de l’esprit critique est de savoir remettre en cause ce qu’on pense pour éventuellement changer d’avis et devenir plus intelligents, notre égo qui tient à ses opinions politiques pour exister devient un obstacle incroyable. 



Que faire face à notre égo ? 

Alors que faire ? 

 

Sans essayer de régler un problème philosophique millénaire en un quart d’heure, je peux partager ma maigre exploration du sujet, et à chacun d’aller expérimenter de son côté.

 

D’abord, ne pas essayer de combattre son égo. Ça ne marche pas plus que de se battre contre l’obscurité avec ses poings ou, comme dirait la chanson, résoudre une équation en mâchant du chewing-gum. 

 

L’égo, l’identité qu’on tire de ses opinions n’est qu’une erreur, pas une entité à proprement parler. On ne peut pas combattre une erreur, on ne peut que la reconnaître. Parce qu’elle a, quelle chance, une propriété similaire au vampire : il suffit de mettre la lumière dessus pour qu’elle se défasse. 

 

Il suffit d’observer son envie d’avoir raison, ou sa volonté d’exister par ses opinions ou ses idées quand elles se pointent. Quand on dit quelque chose comme "Si on vit plus longtemps, il faudra travailler plus longtemps !" ou "quelle bande de clampins ces députés LREM !", il suffit d'être un peu attentif à ce phénomène en nous. Pas essayer de le contrer. Juste, l'observer.

 

Et bientôt, on perd la peur de passer pour une bille (ce que l’égo craint comme les chevaliers de l’apocalypse), on s’ouvre la possibilité de dire “je ne sais pas”. On s’ouvre à l’intelligence de l’autre. On devient plus conscient de la discussion. On va à l’essentiel. Je ne sais pas bien décrire ce phénomène. Quand on n’a plus le besoin d’exister à travers ses idées, l’analyse, la synthèse et l’esprit critique s’en trouvent décuplées.

 

C’est donc un travail de longue haleine. Observer son envie d'être à travers ses opinions. (Evidemment, on peut le faire avec ses possessions, ses goûts, son statut, sa cigarette, you choose. Mais là on entre dans le monde de la connaissance de soi, qui ne relève pas de ce site).

 

Surtout, ne me croyez pas sur parole. Allez voir par vous-mêmes.

 

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