"Avez-vous quelque chose à ajouter", ou "avez-vous des questions ?" c’est une question qui est régulièrement citée dans les questions classiques de l’entretien. En fait, cette question quasi-systématiquement posée.
Et il faut la prendre pour ce qu'elle est : pour le jury, une politesse, pour vous, un radeau de sauvetage.
Comment répondre à cette questions ? Il y a deux écoles. Il y a ceux qui disent : vous profitez pour placer quelque chose, ou mieux, poser une question au jury, parce que c’est un signe de motivation. Et puis il y a ceux qui disent : non, n’ajoutez rien.
Alors essayons de voir la logique d’ensemble.
Pourquoi est-ce que le jury la pose, cette question ? Le but du jury, c'est d'intégrer les meilleurs éléments possibles dans son école, pas de faire du tir au pigeon.Donc, dans cette optique-là, la question “avez vous quelque chose à ajouter ? “, n’est pas un piège. C’est une gentillesse de fin d'oral, pour vous donner la possibilité de mentionner quelque chose que vous auriez voulu placer et que vous n’avez pas pu. La logique c’est : “bon, a parlé de vous, de votre vie, de votre oeuvre, on a parlé de vos projets, de vos aspirations, de tel et tel sujet, est-ce qu’il y a autre chose que vous voudriez aborder ?”
En clair, c'est dans votre intérêt qu'on pose la question. Ne la craignez pas:)
Partant de ce point, répondons à la question de ce qu’il faut faire.
1) Est-ce qu’il faut ajouter quelque chose en terme d’arguments ? Ma position c’est : vraiment seulement si nécessaire. Le “est-ce que vous avez quelque chose à ajouter”, c’est un pneumatique de secours. Si il y a vraiment un truc fondamental que vous n’avez pas abordé : i.e., vous avez fait un stage à l’Elysée, ou vous fait un million de CA avec votre startup à 20 ans, on va dire, oui, là vous pouvez le mentionner, vous pouvez, avec vos gros sabots, dire “ah mais il fallait que je vous dise un dernier truc”. Mais normalement, c’est quelque chose que vous avez forcément dit en présentation. Honnêtement, si vous avez fait votre boulot en présentation et que vous avez placé les 3-4 arguments essentiels, ce cas de figure, il n'a pas lieu d’être. Donc, ajouter des arguments ? Pourquoi pas, mais ça arrivera peu souvent.
Certains mentionnent l’idée de faire un recap de ses arguments. De dire voilà, je vous rappelle les 3 raisons pour lesquelles je suis devant vous. Pourquoi pas. Mais à notre avis, mais là vraiment ça n’engage que nous, soit ils vont penser que vous les prenez pour des malcomprenants, i.e. des gros débiles, soit vous signifiez ontologiquement, puisque vous vous répétez, que vous avez manqué de clarté la première fois que vous l’avez dit. Donc pour nous, pas nécessaire.
En résumé : si vous avez fait votre job correctement pendant l’entretien, c'est-à-dire, vous avez placé vos arguments principaux en présentation, et vous avez donné des gages de motivation au jury, en montrant que vous êtes vraiment bien renseigné.e.s, que vous avez contacté des anciens, que vous aviez réfléchi aux cours que vous allez prendre, aux stages que vous allez faire (souvenez-vous, il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour), bref, si vous avez fait votre boulot, zappez poliment cette dernière occasion d’argumenter.
2) Est-ce qu’il faut poser des questions ? Ça dépend, mon capitaine. S’il s’agit de questions générales sur l’école, pour montrer votre intérêt ou pour avoir une info, on a une position (assez) claire : le jury, ce n’est pas une hotline, ni le bureau information de l’école. Et en toute logique, s’il vous manque une info sur l’école, il y a intérêt à ce que vous ayez mis la main sur une réponse avant l’entretien ! (quitte à appeler l’administration et les tanner pour avoir votre réponse). Mais à la fin de l’oral ? Pour bien souligner que vous ne vous êtes pas bougé.e.s avant ?
Donc, non pour les questions où vous auriez pu trouver la réponse en cherchant.
Est-ce qu'on peut lancer un jury sur une question de fond, en mode, "et vous, vous en pensez quoi, de la laïcité ?" A priori, plutôt non. Mais comme toujours, il faut voir le contexte. Si vous venez d'avoir une discussion (une vraie discussion, avec le jury qui prend position, qui vous challenge), il est tout à fait possible d'utiliser la question du "avez-vous quelque chose à ajouter / nous demander" pour challenger le jury en retour. Mais ne le faites que si vous le sentez bien.
Maintenant, si un membre du jury a un parcours que vous aimeriez vraiment faire, là, on vous encourage carrément à poser des questions. I.e., quand le membre de jury se présente, il dit, je travaille dans tel domaine, et c’est justement ce que vous voulez faire, ne vous privez pas. Mais ce n’est pas pareil, c’est une question perso, et ça peut montrer que vous avez un vrai intérêt pour votre projet.
Donc, conseil ultime : fiez-vous à votre ressenti, et si vous éprouvez l’envie de demander quelque chose, faites-le. En tout cas, ne vous amusez pas à poser des questions artificielles prévues en amont, vous risqueriez de terminer l’entretien sur une note pas authentique, et c’est jamais bon.
3) Est-ce que dire “non”, comme ça, n’est pas un peu sec ? Certes. Et si vous disiez quelque chose comme : “non, je crois qu’on a abordé l’ensemble des sujets qui me tiennent à coeur” ? Avantage : ça montre au jury que vous maîtrisez un peu votre entretien, vous ne trouvez pas ?:)
Mais, comme toujours, dès qu’on parle d’entretien, il n’y a pas de “bonne” réponse. A vous de trancher !
Si vous avez des questions, c'est en dessous !
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